Analyse du Revenu des Ménages en 2003 - "C'était déja pas chouette"
L'Insee indique qu'un Français sur deux a un revenu inférieur à 1 160 euros par mois
LE MONDE | 08.08.2003 | 13h05 • MIS A JOUR LE 08.08.2003 | 13h19
Une étude relève de grandes disparités.
Les 30 % de Français les moins aisés disposent, en moyenne, d'un niveau de vie huit fois inférieur à celui des plus aisés. Les premiers touchent, après impôts, moins de 920 euros par mois, alors que les seconds disposent de plus de 4 070 euros.
Cette importante disparité des revenus des ménages est mise en évidence par une enquête de l'Institut national de la statistique et des études économiques (consultable sur le site www.insee.fr), basée sur les déclarations fiscales de 70 000 ménages pour l'année 2000. D'après cette étude, le revenu médian français - au-dessous et au-dessus duquel se situe une moitié de la population - atteint 1 160 euros par mois pour une personne seule et 2 430 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.
Si les ménages aisés et les ménages modestes français se différencient par le niveau de leurs ressources, ils se distinguent aussi par l'origine de celles-ci. Le salaire constitue toujours la principale ressource des ménages mais sa part dans le revenu initial (avant prestations sociales et impôts) varie. Pour les ménages situés légèrement au-dessus de la médiane, il constitue les deux tiers du revenu initial, alors qu'il n'en représente que la moitié pour les ménages les plus aisés.
Trois grandes catégories de Français se dégagent de l'étude. Les ménages "à revenus modestes" (30 % de la population) disposent en moyenne de 1 129 euros par mois (revenu initial et prestations sociales, moins les impôts directs). Ce sont avant tout des personnes de moins de 30 ans, des chômeurs, des familles nombreuses ou monoparentales ou des veufs qui ne paient pas l'impôt sur le revenu (IR). Les indemnités de chômage et les prestations sociales représentent respectivement 9 % et 21 % de leurs revenus avant impôts. La pression fiscale qu'ils supportent (contribution sociale et taxe d'habitation) ne dépasse pas 6 %.
A l'opposé, les ménages "à hauts revenus" (1 % de la population) affichent un revenu disponible de 8 883 euros. Ici, la part des salaires et des pensions de retraite diminue au profit des bénéfices et des revenus du patrimoine, qui représentent respectivement 29 % et 13 % du revenu avant impôts. Dans cette catégorie, les ménages de 40 à 60 ans sont très représentés ainsi que les cadres salariés et les professions libérales, commerçants et chefs d'entreprise. Ils sont soumis à une pression fiscale de 30 %, dont plus de 20 % au seul titre de l'impôt sur le revenu.
Enfin, les ménages "à revenus moyens" regroupent près de 59 % de la population. La quasi-totalité de leurs ressources provient des salaires et des retraites (80 % du revenu avant impôts). Au sein de cette catégorie, l'Insee définit trois sous-groupes. Les moins privilégiés sont ouvriers ou ex-ouvriers et retraités (deux ménages sur cinq). Disposant de 1 600 euros par mois, ils sont à la limite du seuil d'imposition : un ménage sur deux ne paye pas l'IR. Les plus privilégiés disposent de 4 302 euros. Ils sont soumis à une pression fiscale de plus de 20 %, exercée principalement par l'IR. Entre les deux, ouvriers, employés et professions intermédiaires sont majoritaires avec un revenu de l'ordre de 2 450 euros. L'étude relève que le niveau de vie des ménages "à revenus moyens" est deux fois plus élevé que la moyenne mais deux fois plus faible que celui des ménages "à hauts revenus".
Camille Boulongne
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 09.08.03
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